Karolina Brzuzan


Le Livre de cuisine des affamés


Crédits photo : B.Ménéboo


Aujourd’hui, un tiers de l’humanité souffre de la faim,
un autre de sous-alimentation chronique.
Le sort des peuples dépendrait-il de leur créativité culinaire,
de leur capacité à transformer des produits réputés immangeables ?
Galettes de boue, pain d’écorce, ragoût de vêtements : dans une installation
performée, Karolina Brzuzan détaille par le menu ces «mets» imaginés à travers le monde et la situation des pays dont ils sont originaires. Un parallèle qui
révèle le goût amer de la guerre, de la collectivisation et de l’inflation. Mais aussi l’inextinguible soif de vivre des populations.



Sweet Europe


Crédits photo : B.Ménéboo

Sweet Europe, un nom plein de douceur, une construction en pleine pâture, du bois et du plastique brûlés, de l’acier. Une façon pour Karolina Brzuzan
de transposer symboliquement la « jungle » de Calais ici, au Favril.
C’est après avoir rencontré plusieurs familles d’accueil de migrants
dans l’Avesnois qu’elle décide de se rendre à Calais.
Elle y découvre la « jungle », elle y apprend les modes de vie et d’alimentation
de ces voyageurs forcés, leur passé, leurs ressentis.
Comment se nourrir pendant plus de 55 jours en mer, sur des bateaux surchagés, hommes, femmes,enfants et bébés à bord ? Et comment se nourrir après ?


C’est en connectant des éléments de la culture locale avec des situations qui pourraient nous sembler lointaines que Karolina Brzuzan cherche à créer une
prise de conscience, à montrer que la faim fait partie 
de l’histoire de chaque peuple et qu’elle n’est pas toujours ailleurs.
Lors de sa résidence dans l’Avesnois, elle s’est confrontée à un territoire
dans toute sa complexité, avec ses agriculteurs en crise, l’histoire de ses anciens 
et leurs astuces culinaires durant la Seconde Guerre Mondiale, et
avec ses familles qui ouvrent leur porte à des étrangers rejetés par la société.
Ce projet se conçoit comme une sculpture interactive qui tend à explorer la matière vive. Il propose aux spectateurs d’être en contact direct avec la matière,
de toucher les matériaux, de les sentir, comme une invitation
à un nouveau rapport à la nourriture et aux aliments.


Biographie

Résidence de Karolina Brzuzan à La chambre d’eau en 2016,
dans le cadre des Cabarets des Curiosités organisés par Le Phénix – scène nationale de Valenciennes. Sculpteuse et artiste visuel, son travail se définit
à partir d’objets, films et installations. Ses projets hybrides sont comme
des sculptures avec des créatures vivantes. Le parcours de Karolina Brzuzan
démontre une connaissance profonde et singulière des thématiques abordées à travers un processus de recherche où l’intuition cognitive est mise en valeur.
Son intérêt est dans l’intersection de l’art et la science.
Karolina développe depuis quelque temps un projet qui essaie de recréer des recettes inventées pendant les périodes de famine dans le monde. Ces recettes
seront un point de départ pour aborder les différents contextes politiques et économiques dans le monde.
« Dans le monde une personne sur huit est affamée. 
Seize millions d’enfants meurent de faim par jour.
Dans différents lieux au monde les gens mangeant de l’herbe, du liège, différentes ordures. J’ai décidé de trouver leurs recettes, d’apprendre à les faire
à partir des ingrédients immangeables et de les rassembler dans un livre de cuisine. Je veux montrer à quoi ressemble vraiment la cuisine du monde. »